25 avril – J37 – 24 kms – T 52 et 53
Nous quittons avec un peu de regret notre joli hôtel tout moderne après un petit déjeuner royal et son buffet d’agrumes éblouissant de vitamines et de fraicheur. Nous faisons nos adieux chaleureux et reconnaissants au jeune réceptionniste qui n’a jamais montré l’ombre d’une exaspération à mon égard malgré les demandes multiples que je lui ai adressées concernant nos réservations, un véritable harcèlement !
Il est 7 heures du matin lorsque nous quittons le Dogo Yaya et devant nous, trottine un couple en yukata et tongues déjà en chemin au saut du lit pour leur onsen !
Mauvaise matinée pour moi, mon sac est trop lourd, j’ai trop mangé ce matin, et une grosse flemme m’ôte toute énergie… Heureusement le temple 52 n’est guère loin, une bonne occasion de se poser.
Nous y retrouvons nos deux copines japonaises d’Osaka. Nous nous ferons nos adieux au temple suivant, après trois jours de marche elles rentrent chez elles pour les fêtes familiales de la golden week.
Taizan-ji, temple de la Grande Montagne
Le temple 52 est niché dans un grand parc fleuri d’azalées, il nous invite à la flânerie. Le hall principal datant du 14ème siècle est classé Trésor National.
Le temple 53, Emmyo-ji, l’Illumination Continue
A peine quelques kilomètres plus loin, voici le temple 53, Emmyo-ji, l’Illumination Continue où se cache une Vierge Marie déguisée en Kannon, sculptée dans une pierre et témoignant d’un culte chrétien clandestin datant de l’ère Tokugawa, période de grande persécution des chrétiens.
En sortant, nous achetons trois mandarines à une vendeuse de bord de route et elle nous offre deux bananes ! L’o-settai est la version bouddhiste de la multiplication des pains !
Enfin nous retrouvons la mer et avec elle mon énergie est de retour bien que notre chemin longe la route.
Rêve de café en terrasse de bord de mer
Apparition surréaliste : une table et deux chaises de jardin au bord de l’eau invitant à un petit café. Depuis le temps que je rêve de ce genre d’apparition !!! Mais rien autour, pas de bar, seule une cahute fermée. Je ne résiste pas au plaisir de m’asseoir et de m’imaginer commandant un café et le siroter face au large de cette mer intérieure qui ressemble à un lac au-delà de laquelle se dessine la silhouette bleutée des reliefs montagneux de Honshu, la plus grande île du Japon. Quelques îlots tels des ailerons de requin s’alignent au large de cette mer étale.
Le café n’arrivant point et Bernard commençant à s’impatienter, je reprends mon bâton…
Arrivée au port du soir, avec un onsen privatif et un héron patient
En fin d’après-midi, nous parvenons dans un gros port de pêche où nous logerons ce soir.
Notre hôtel est un onsen en bord de mer, un cube de béton sur 4 étages à la façade ayant vécu mais nous héritons d’une belle et vaste chambre avec balcon et bains privés, un chaud, un froid et un sauna rien que pour nous, face à la mer.
Le prix est plus que raisonnable et l’accueil toujours très chaleureux. Notre hôtesse multiplie à nouveau les tentatives de réservations pour les trois nuits de mai qui nous manquent, sans succès. Nous voilà bel et bien coincés ! Ras le bol de ces soirées passées à chercher en vain des hébergements. En discutant avec deux pèlerins japonais, nous réalisons qu’ils ont programmé tout leur circuit à l’avance.
En nous promenant sur le quai un peu avant le dîner pour profiter des derniers rayons de soleil de la journée, nous assistons à un spectacle amusant et insolite : un couple de pêcheurs sous la haute surveillance d’une grue posée à quelques mètres en retrait. Le volatile, immobile, les sens aux aguets, observe les gestes des pêcheurs dans l’espoir sans doute de récupérer un résidu du fruit de leur pêche… Les deux pêcheurs ont tout à fait remarqué la présence de l’animal mais l’ignorent royalement. Nous quitterons les lieux avant la conclusion de cette scène amusante.
Quelques mots sur l’auteur
Le 20 mars 2019, Catherine, co-fondatrice de CouleurSenior, s’engageait avec son mari dans une longue marche, le Pèlerinage de Shikoku, une île au sud du Japon. Ils ont 63 ans chacun, n’ont jamais vécu au Japon, ne parlent pas japonais, ne sont pas bouddhistes. Bien que marcheurs réguliers, ils ne se sont jamais lancés sur une si longue distance : 1 200 km sur un circuit historique de 88 temples.
Dans cette période actuelle de confinement, Catherine nous a proposé de partager au jour le jour leur aventure, physique, culturelle et spirituelle. Exactement un an après, suivons leurs pas et découvrons avec eux cette île et le quotidien des pèlerins dans un monde inconnu. Atteindront-ils le Nirvana promis aux pèlerins qui atteignent le quatre-vingt-huitième temple ? Nous le découvrirons au fil des jours à venir ….