5 mai – J47 – 25,5kms – D+560m, D-560m – Temples 80, 81, 82 et 83
Nous quittons notre minshuku sans regret aucun. Le proprio nous a dit au revoir en nous apportant notre petit déjeuner, ce qui signifie que nous pouvons dégager…. Et bien oui, nous filons à l’anglaise, enfin pas tout à fait car nous avons tout de même la délicatesse de régler nos dettes malgré la crasse et l’inconfort des lieux pour retrouver la quiétude réconfortante du temple 80.
Le temple 80, Kokubun-ji, « Haute illumination »
Il nous accueille par une belle allée de pins.
La grimpette du jour, « culbutrice » de pèlerins
Et puis c’est la grimpette, soit-disant « henro koragashi » pour atteindre le 81. 400 mètres de dénivelé bien raide. Ces gens n’ont certainement jamais marché en montagne ! En fait, ce qui est le plus éprouvant n’est pas le dénivelé mais c’est de gravir leurs marches démesurées qui transforment les beaux sentiers de montagne en réelles épreuves, surtout avec un gros sac sur le dos.
Un couple de japonais nous double durant cette ascension, équipés comme de vrais athlètes mais couverts de la tête aux pieds, pas un centimètre de peau à l’air libre !
Il fait déjà très chaud en ce début de matinée et ils empilent bermudas, collants, manches longues et gants. Hier nous en avons rencontré une, sur-couverte également qui en plus de son chapeau portait une serviette qui retombait de part et d’autre de son visage. Nous marchions alors sur la route, la chaleur se réverbérant sur le bitume était d’autant plus pénible. A un feu rouge, elle m’a lancé en s’éventant : « atsui desu ! ». Ce qui signifie : il fait chaud !!! J’avais envie de lui répondre : « mais déshabille toi, ma pauvre fille ! »
Le soleil les terrorise, ils ne semblent pas savoir que Roche-Posay et Avène font d’excellents écrans solaires… La lumière également semble faire partie des ennemis de la vie japonaise. Les rideaux des maisons sont toujours hermétiquement tirés, à tel point qu’au début de ce voyage nous pensions que toutes ces maisons devant lesquelles nous passions étaient inoccupées.
Nous rencontrons un coréen qui monte en mode léger, il a laissé son sac en bas, dans une guérite sur les bords d’un champ… Merveilleux la confiance qui règne dans ce pays.
Le temple 81, Shiromine-ji, Pic Blanc
Ce temple semble mettre particulièrement à l’honneur les animaux, de nombreuses sculptures amusantes de chat, cochon, singe, vache… parsèment le parc. Un mouton enrhumé arborant une belle écharpe de laine rouge a une tête particulièrement expressive.
Peu avant le temple 82 nous découvrons une superbe hutte de henro comme nous n’en avions encore jamais vu : belle construction de bois toute ronde avec mezzanine, moquette au sol, coussin sur les banquettes. Les cloisons sont tapissées de ces papiers magiques, comme je les appelle, que chaque pèlerin dépose dans l’urne à offrandes, papiers que nous donnons en guise de remerciement à ceux qui nous offrent des o’settai. Il y a même un petit aspirateur pour faire le ménage, une douche attenante, des toilettes, de quoi se préparer un café, du thé et des petits snacks pour se restaurer, un petit temple pour se recueillir et un banc extérieur pour contempler les étoiles. Le tout très propre et parfaitement entretenu, ouvert à tout un chacun….
Le temple 82, Negoro-ji, « Arbre Aromatique »
Il se niche dans un superbe environnement végétal. On accède au hall principal par un couloir circulaire tapissé de centaines de bodhisattvas au centre d’un ravissant jardin qui décline toute une variété d’essences arborées.
Le bassin de la fontaine purificatrice ressemble à une énorme citrouille de pierre.
Au travers d’une trouée de végétation se dessine au loin la ville de Takamatsu embrumée de chaleur.
Nous sommes désormais proches de l’Illumination
Cette matinée, loin des zones urbaines, à la cime des arbres, parmi ces chemins forestiers et ces monastères reculés et peu fréquentés, est un vrai bonheur. Nous sommes proches du terme du chemin du Nirvana nous dit « the Manirin Stone Pagoda » qui symbolise l’étape finale de cet âpre chemin vers l’Illumination, sorte de pagode de pierre, avec un disque central au pied de laquelle est gravé le mot Gejo qui signifie « mettre pied à terre » et avertit le pèlerin que la terre est sacrée au-delà de ce point. Alors, qui que tu sois, puissant ou misérable, tu dois descendre de ton cheval ou de ton véhicule et poursuivre ton chemin à pied pour honorer ce lieu et lui offrir ton respect… Cette pagode fut érigée en 1321 par un prêtre d’une secte ésotérique du bouddhisme.
L’après-midi est consacrée à la redescente vers la civilisation et la ville de Takamatsu, notre point de départ il y a déjà 47 jours ! Une fois sortis de la forêt, nous traversons des faubourgs qui s’étirent sans fin et nous voilà perdus. Bernard avec son grand sens de l’orientation sait nous remettre dans la bonne direction mais il faut nous presser si nous voulons atteindre le temple 83 avant sa fermeture. Mes pieds sont à la torture, depuis quelques jours, en fin de journée, surtout lorsque nous avons eu beaucoup de bitume, j’ai très mal à la plante du pied gauche et ressens comme des décharges électriques dans les orteils.
Le temple 83, Ichinomiya-ji.
A 16h30, nous franchissons le San-Mon du temple.
Notre hôtel étant à 6 kms de là, toujours dans Takamatsu, nous décidons de prendre le train. Le préposé aux billets, lorsque je lui expose où nous désirons nous rendre, nous accompagne à la machine distributrice de tickets pour nous aider. Notre train est dans 5 minutes, il nous accompagne même sur le quai et nous précise avant de nous quitter que nous devons descendre au 7ème arrêt. Gens de la SNCF, vous avez des progrès à faire en matière de service…
Notre hôtel est fort sympathique, il est bien agréable de retrouver un lieu propre après notre expérience de la veille. Et nous dînerons d’un bol d’udon.
Où sommes nous ce soir?
Nous approchons de la fin du pèlerinage …