07 avril – J19 – 25 kms – T36
La journée commence plutôt mal pour moi. Je n’ai rien mangé au petit déjeuner ce qui met Bernard en pétard. Je ne sais vraiment pas comment il fait pour avaler du poisson séché au saut du lit !
Le temple 36, Shoryu-ji, le Dragon Vert
Une route côtière avec des « vues à couper le souffle » …
Après notre visite au temple 36, Shoryu-ji, le Dragon Vert, nous avons le choix entre deux itinéraires, nous décidons d’emprunter la route côtière « breathtaking views and hilly road » d’après notre road-book, sans possibilité de ravitaillement en eau et nourriture. En général, lorsqu’on demande conseil aux locaux ou aux henros japonais c’est le genre d’itinéraire qu’ils déconseillent, mais la mention « vues à couper le souffle » l’emporte. En fait nous suivons une route relativement importante qui domine la côte, nous sommes effectivement en hauteur mais la végétation obstrue le plus souvent le paysage et les vues à couper le souffle restent limitées.
Un temple « secondaire » sur le chemin
Avant de quitter la forêt, nous passons devant un petit sanctuaire secondaire dont l’allée d’accès au temple est jalonnée de toris. A l’entrée de cette allée pavée, une petite cahute met à disposition des sandales, signifiant qu’on est prié d’ôter ses chaussures avant d’aller plus loin. Or nous sommes à l’extérieur, au milieu de la forêt et l’allée dallée n’est guère adaptée à la marche en pantoufles ! Mais le tori, portail traditionnel érigé à l’entrée des sanctuaires shintoïstes, marque la séparation entre l’enceinte sacrée et l’environnement profane, d’où la nécessité de poser ses chaussures… Bref, nous nous abstiendrons et admirerons de loin.
Un peu plus loin, la vision d’une énorme cage toute rouillée cachée dans les arbres nous intrigue. Nous apprendrons qu’il s’agit de piège pour capturer les sangliers.
Activité du dimanche : ramasser les coquillages
Revenus au bord de l’eau, un spectacle étonnant nous y attend : des familles entières s’affairent sur la plage à gratter le sable à la recherche de coquillages, les palourdes locales. Accroupis ou pliés en deux, les pieds dans la vase, petits et grands, jeunes et vieux passent leur journée dominicale à la pêche à pied. On se croirait en Bretagne à marée basse !
Un déjeuner de fruits de mer
Un restaurant flottant nous tend les bras pour le déjeuner et, oh surprise, nous y retrouvons André, notre Québecois, déjà attablé devant un grill où agonisent des coquilles St Jacques. Le lieu est bien rustique mais sympathique, la vue sur les plages voisines charmante, on s’assoit donc au ras du sol et commandons tant bien que mal gambas, palourdes, coquilles Saint Jacques. Tout ce beau monde arrive plus ou moins vivant et nous assistons à leur agonie sur le grill trônant au milieu de la table. Pas de quoi rassasier les marcheurs que nous sommes, mais cela change des onigiris.
Et un dîner de ramen en bonne compagnie
L’après-midi s’avère laborieuse, je suis crevée et suis en manque sérieux de carburant. Nous atteignons enfin Susaky, ville côtière très laide et notre ryokan ne vaut guère mieux, un soi-disant ryokan qui a oublié de se moderniser, n’offrant ni dîner ni petit-déjeuner. La gentillesse de nos hôtes, ils sont trois à s’occuper de nous, compense la tristesse du lieu. André nous y rejoint dans l’espoir d’y trouver une place, son hébergement est pire apparemment mais le prix le fait reculer. Nous nous donnons rendez-vous dans un restaurant de nabeyaki-ramen.
Il existe, d’après le guide, une quarantaine de restaurants dans cette ville qui servent cette spécialité, soupe de nouilles au bouillon de poulet et sauce de soja, agrémentée d’oignons verts, de pâte de poisson et œuf cru, le tout servi dans un bol en céramique. En attendant, nous ne savons pas où se cachent tous ces restaurants. Il est vrai qu’il est dimanche soir, beaucoup doivent être fermés. Il est déjà très difficile de repérer un restaurant ouvert, alors fermé, c’est quasi impossible.
Nous errons quelque temps dans des ruelles obscures et désertes avant de trouver notre adresse. Dès le seuil franchi, nous sommes happés par une ambiance animée et chaleureuse tout à fait réconfortante. Le ramen servi dans un mini chaudron en fonte est tout à fait délicieux, exactement ce dont j’avais besoin pour me requinquer après cette journée éprouvante. Nous passons une soirée charmante en compagnie d’André qui est un grand marcheur, a déjà fait le chemin de Compostelle et la Transpyrénéenne version haute !