7 mai – J49 – Temple 86 & Visite de Shikoku Mura
Avant de partir pour notre journée tourisme, revenons sur cette authentique maison traditionnelle où nous sommes hébergés, baignée par une belle lumière matinale.
Durant ce voyage, nous avons essentiellement dormi à la japonaise mais nos auberges le plus souvent assez rustiques n’avaient pas le charme et l’architecture de celle-ci.
A l’origine la maison japonaise n’est pas prévue pour être confortable, au sens occidental du terme, mais pour être en harmonie avec la Nature, d’où le choix du bois pour sa structure, peu adapté au climat de l’archipel en fait. Nous l’avons constaté durant la première partie de ce voyage où nous nous sommes bien gelés dans ces établissements inchauffables !
Le bois donc pour la structure et la paille de riz pour les sols (tatami) avec un bâtiment principal entouré d’une galerie couverte qui s’ouvre sur le jardin intérieur. Aucune décoration superflue, aucun élément ostentatoire ne vient rompre l’harmonie des volumes.
« …ce qui au Japon fait la qualité d’un espace à vivre n’est pas le luxe, ni le confort, ni la luminosité des pièces, mais une notion très difficilement traduisible: le shibui, qui signifie à la fois tranquille et beau sans être pour autant inerte, original mais aussi familier, sobre tout en étant intéressant…en réalité, l’espace traditionnel japonais est d’une telle sobriété qu’il confine à l’intemporel, au quasi-abstrait… » Dixit le Guide Bleu !
Notre ryokan, qui fut la maison familiale de notre aubergiste, un monsieur très discret, poli et feutré, illustre parfaitement cette description. Une maison immense de 150 ans d’âge avec plusieurs structures de base comme décrit ci-dessus, qui se succèdent, chacune autour de son patio. On circule d’une à l’autre par des galeries couvertes. L’hiver, on doit se peler !!!! Mais c’est très beau.
Une fois le panneau coulissant de notre espace chambre ouvert, le regard s’ouvre sur un patio inondé ce matin d’une douce lumière toute en harmonie avec l’agencement très sobre du jardin d’apparence naturelle mais totalement réfléchi et artificiel dans le sens où chaque branche, chaque rameau a été taillé pour obtenir une forme bien particulière. Les éléments majeurs du jardin étant l’arbre, la pierre, le sable et l’eau. Quelques fleurs, rhodo ou camélia apportent parfois une touche discrète mais lumineuse de couleur.
Les parois de la galerie sont ornées d’ouvertures circulaires, des fenêtres sans vitrage mais emplies d’un canevas de bambou, qui permet une ravissante diffusion de la lumière vers l’intérieur et offre une vision sur le jardin comme un morceau de paysage. C’est tout simplement superbe !
Le temple 86
Nous débutons notre journée en retournant au temple trop rapidement parcouru hier après-midi. La lumière matinale est toujours très belle dans ces lieux de prières. Tous les édifices sont noyés dans leur écrin de verdure.
Les feuillages sont d’un vert éclatant et explosent d’exubérance en ce milieu de printemps. Une multitude de sentes se faufilent dans ce parc et au détour de l’une nous découvrons un petit jardin sec à l’esthétique caractéristique fait de sable parfaitement râtelé en linéaire et en circulaire autour de quelques rochers.
Un peu plus loin, un jardinier à quatre pattes épile les mauvaises herbes… et un oiseau dressé dans son nid semble l’observer.
Puis nous prenons le train pour rejoindre Shikoku Mura, un village-musée de maisons traditionnelles.
Le village musée de Shikoku-Mura
Sur plus de 50 000m2 sont rassemblées douze minka, maisons paysannes au toit de chaume. Ces chaumières, venant de toute l’île, ont été déplacées puis restaurées pour être exposées dans leur état d’origine. A l’intérieur une multitude d’ustensiles et d’objets d’artisanat local retracent la vie quotidienne des populations rurales japonaises de l’époque Edo (1603-1868), Meiji (1868-1912) et Taishô (1912-1926). Le tout dans un jardin qui invite à la flânerie. On accède à ce domaine par un pont de lianes, reproduction de ceux de la vallée d’Iya, une vallée légendaire et difficile d’accès de Shikoku.
A même été reconstitué un théâtre kabuki (paysan), où les fermiers montaient eux-mêmes sur scène, avec ses gradins à ciel ouvert. Nous sommes fascinés par la structure des toits intérieurs, un remarquable travail de charpente de bois et cordages.
Depuis 2002, un musée d’art a investi les lieux, conçu par le célèbre architecte japonais Tadao Andô, un bâtiment de béton très moderne à l’architecture très épurée, tout en hauteur qui contraste avec toutes ces habitations rurales d’un autre temps. Nous y verrons une expo d’un artiste japonais du XXème siècle fortement influencé ou inspiré par Matisse et Picasso.
Nous déjeunerons dans l’Udon no Wara proposant des udon faits maison dans une chaumière d’époque Edo, ambiance typiquement japonaise garantie !
Retour vers notre auberge, en passant par du shopping (première fois en 49 jours!) et la gare
Sur le chemin de la gare, je ne peux résister à aller jeter un coup d’œil au magasin Uniqlo ! Nous avions découvert cette marque japonaise lors d’un séjour à Hong Kong avec un de nos fils. A cette époque, cette enseigne n’avait pas encore envahi l’Europe.
Parfaitement rodés, nous achetons nos billets de retour à la machine de la petite gare locale et attendons notre train assis sur les bancs du quai garnis de coussins en tissu. Cela nous épate chaque fois ces coussins sur les quais de gare… ils ne survivraient pas 24h au vol en France .
Du train, très belle vue sur la mer pendant notre voyage de retour.
Sur le chemin du retour, nous faisons un stop dans une agence repérée la veille pour organiser le transport de notre sac pour le lendemain, pas mal de dénivelé en perspective. Notre hôte, très charmant par ailleurs, n’a pas su ou pas voulu s’en occuper… Difficile de savoir exactement ce qu’il en est de leur mode de pensée parfois… mais nous avons appris qu’il est inutile d’insister. On ne leur fait pas faire ce qu’ils n’ont pas envie de faire !
C’est dans ce village que 2 personnes travaillant sur la promotion de ce pèlerinage ont souhaité nous rencontrer. Une aubaine pour eux : depuis 2 mois ils cherchaient à questionner 40 occidentaux et n’en avaient rencontré que 6, alors 4 personnes de 4 nationalités différentes, c’était le jackpot , ils ont mis les petits plats dans les grands dans ce fameux restaurant à l’entrée du village, et ensuite desserts et café dans la superbe bâtisse à côté. Nous leur avons fait part des améliorations à apporter au niveau de la signalisation, des huttes fermées à augmenter et à rafraichir pour certaines. Par contre, nous n’avons pas pu parler des minchuku ou Ryokan, ne les ayant jamais utilisés.
Si vous voulez, Catherine et Bernard, je peux vous donner leur mail, si vous souhaitez leur faire part de vos suggestions. Leur souhait est de se rapprocher des conditions offertes sur les chemins de Compostelle.