4 mai – J46 – 27,5 kms – Temples 76, 77, 78 et 79
Nous revoilà donc dans le TER local dès 6h30 pour découvrir le temple 76 au petit matin. Premier temple d’une série de quatre dans la journée. La densité de temples dans la région est importante.
Le temple 76, Konzo-ji, « Entrepôt d’or »
La porte des Nio franchie, nous remontons une grande cour intérieure arborée où s’élance un gigantesque arbre ceinturé d’un beau cordage, symbole du Shintoïsme qui vénère les forces de la Nature, illustrant le mélange des religions dans ce pays, shintoïsme et bouddhisme. Le sable de l’urne recevant les bâtons d’encens est tout lisse, vierge de tout passage ce matin.
Le temple 77, Doryu-ji, « Noble Voie »
J’y prends une photo du préposé au tampon pendant qu’il calligraphie la page de notre livre, avec son accord. Je demande toujours l’autorisation de les photographier, en général à ceux qui ont une bonne tête qui m’inspire et lorsque je suis seule. Je lui exprime mon admiration pour ce superbe sceau qu’il appose sur le livre et la conversation classique s’engage… D’où venez-vous ? Il m’explique la signification des trois tampons et de la calligraphie verticale et me lance un « Merci » lorsque je le quitte. Quelques minutes plus tard, il sort de son bureau pour nous offrir quelques bonbons. Riches de ces paroles échangées et de cet o’settai, nous reprenons le chemin.
Les rizières ont disparu pour laisser place aux champs de blé qui commencent à bien blondir, toujours des petites parcelles cultivées parmi les habitations.
En permanence, nous cheminons sur de petites routes qui sillonnent zones urbanisées mêlées aux champs, aux jardins potagers, aux usines. Pas de villages bien structurés comme chez nous autour d’un centre spécifique. Même les cimetières sont partout, collectifs, privés, familiaux. Les morts et les vivants cohabitent parfaitement dans ce pays et cela fait plaisir à voir. Il n’est pas rare de voir un tombeau familial au milieu d’un champ cultivé, ainsi le paysan a une pensée pour ses ancêtres tout en travaillant…
Les temples 78, Gosho-ji et 79, Tenno-ji
Ils sont assez décevants, aucun banc bleu pour accueillir les marcheurs fatigués. Ce sont des temples pour pèlerins motorisés !
Nous avions projeté de déjeuner dans un restaurant d’udon repéré sur la carte, mais la queue et une ambiance surfaite branchée nous en dissuadent. Beaucoup de jeunes totalement indifférents et, à l’intérieur, pas un seul sourire pour nous accueillir…
En fait, qui accueille chaleureusement les haruki henros en dehors des temples ? Essentiellement les personnes âgées et surtout les femmes. Quand tous ces vieux auront disparu, je crains fort que l’accueil ne soit plus du tout le même à Shikoku. Les jeunes générations sont complètement indifférentes vis à vis de ces tarés qui marchent à pied !
Nous atteignons le temple 80 après 17h, la visite sera donc pour demain.
Une auberge du soir à oublier
Notre minshuku est assez pitoyable, sale et mal fichu. Le proprio nous conduit dans ce qui ressemble à un entrepôt, dont le seuil est encombré d’un vieux bac en céramique à la destinée douteuse…
Puis nous nous hissons à l’étage par un escalier tout étroit bien raide pour accéder à une chambre sous les combles meublée de manière très hétéroclite sans aucun goût. Derrière une cloison coulissante, deux futons avec lits pas faits ! Nous refermons vite ! Pas de furo, mais un coin toilette-douche bien vétuste ne reluisant pas de propreté.
Le dîner sera servi dans notre chambre. Etrange, pourtant le bâtiment tout neuf en face d’où est sorti notre hôte semble être un restaurant. Nous avons droit à un bol d’udon, le bonheur ! Surtout après le pique-nique de midi à nouveau pas équilibré du tout. Nous avions fait halte en bord de route dans une hutte lorsque nous avons vu débarquer un henro avec une brouette chargée d’une montagne de sacs plastique et de deux cantines. Peu à peu, il s’est mis à décharger tout son barda dans la hutte, apparemment il s’installait pour la soirée. Dans une des cantines, il détenait une véritable bibliothèque. Lorsqu’il a su que nous étions français, il en a extrait des bouquins écrits par des occidentaux nous demandant si nous les connaissions. Malheureusement des illustres inconnus pour nous ! Très étrange le bonhomme, un peu psychotique sur les bords. Puis il est parti faire sa lessive au lavabo mis à disposition et ne nous a plus regardés.
O’settai du jour
Deux miniatures en céramique de bonhomme en prière avec un petit papier roulé à l’intérieur. Un vieux monsieur nous apercevant sur le chemin passant devant sa maison nous a interpelés : « Henro San ! Henro San ! », en nous faisant signe de la main de nous arrêter. Il est sorti en courant de chez lui pour nous offrir ces deux petites figurines toutes mignonnes. Ces vieilles personnes vivant en bordure du chemin sont de vrais guetteurs de henros !
Il est vrai que ce sont principalement les personnes âgées qui offrent des o’settai aux pèlerins, mais j’ai reçu des fruits et des biscuits par 2 fois par des adolescents.
Et puis je me dis que les vieux d’aujourd’hui étaient les jeunes d’hier !!!