1er mai – J43 – 32kms – D+ 1000m, D- 700m – Temples 65 et 66
Nous quittons l’hôtel à 6h ce matin en prévision d’une longue journée de marche avec du dénivelé. Les temples sont bien sûr tout en haut. Nous monterons et descendrons donc toute la journée …
En commençant toutefois avec un petit break au Lawson du coin pour un petit déjeuner rapide. A 6h30, nous voici déjà en chemin sous un fin crachin et un ciel bien gris dans une chape de brume. 5 kms plus loin, au terme d’un sentier qui s’élève au travers de sous-bois, c’est déjà le temple 65.
Le temple 65, Sankaku-ji
Dernière note de notre cheminement vers l’Illumination… On dirait que ciel et terre transpirent d’humidité. Nous marchons dans un nuage cotonneux, c’est très beau. La vision sur la forêt au travers du portique d’entrée est sublime, la voilà notre Illumination à nous ! Loin du spirituel mais une belle communion avec cette nature environnante aujourd’hui auréolée de brume.
Nouvelle halte dans un temple annexe où Bernard revient du Nokyojo avec le sceau du temple et deux canettes de jus d’orange comme o’settai. Aujourd’hui, j’aurais préféré une bonne tasse de thé chaud mais nous n’allons pas faire nos difficiles…
Harmonie et paix sous la pluie
Nous rejoignons ensuite une grande route forestière qui monte en lacets. Je ruisselle littéralement sous ma cape de pluie et notre pause déjeuner dans une hutte en bord de route face aux rizières et à la forêt est la grande bienvenue. Pas plus tôt assis à l’abri, la pluie redouble. Pendant que nous nous restaurons au sec, sous l’effigie du drapeau japonais, nous sommes spectateurs d’un couple de personnes âgées venus entretenir leur parcelle de rizière. Mais que font-ils sous la pluie, un 1er mai, jour de fête nationale ??!!
Sans imper, le vieux monsieur semble marcher avec grande difficulté, avec des signes de mal au dos plus qu’évidents et son épouse avec son genu valgum et son dos rond ne parait guère plus vaillante. Incroyable le nombre de vieux dans ce pays, jambes arquées avec cette posture caractéristique de flexion en avant du tronc, surtout les femmes et on les voit continuer à travailler aux champs pliés en deux. On souffre pour eux !
Ces femmes sont en général de très petite taille et ont dû souffrir vraisemblablement de rachitisme dans l’enfance. Bref, ces deux-là plient enfin bagage et remontent dans leur camionnette pour rentrer chez eux où j’espère ils vont faire la sieste !!! Ou regarder à la télé les festivités du jour avec l’avènement du nouveau empereur, fils du précédent, et la célébration de cette nouvelle période, l’Ere Reiwa (harmonie et paix).
Pour nous, pas de sieste, l’harmonie et la paix se résument à marcher sous la pluie dans une ambiance totalement cotonneuse, nous n’y voyons pas à 20 mètres ! La lumière semble ramper au travers des feuilles et nous baignons dans des volutes vaporeuses. Le sentier espéré est en fait une route forestière, certes très peu fréquentée mais bitumée.
Le temple 66, Unpen-ji, Voisinage des nuages
Nous parvenons enfin à ce temple 66, le bien nommé Unpen-ji, Voisinage des nuages ! À 900 mètres d’altitude, le panorama devrait être superbe mais aujourd’hui, on oublie !
Autre grande déception, décidément le Nirvana commence plus tôt mal, ce monastère est tout neuf, accessible par téléphérique. Les valeureux marcheurs comme nous sont totalement ignorés. Même pas un banc à l’abri pour se poser, soi et son sac ! Cela nous incite guère à nous attarder en ce lieu où la proximité du ciel était cependant prometteuse… Un alignement surprenant de 500 statues en pierre représentant les disciples de Bouddha borde la route qui plonge vers le temple 67. Toutes ces figures tantôt rieuses tantôt sévères semblent honorer notre passage, et nous leur en sommes reconnaissantes.
Le bout du chemin du jour : une auberge bien chaleureuse
La descente est longue, laborieuse, bien pentue, boueuse et glissante et nous n’en voyons pas la fin ! La pluie fidèlement ne veut pas nous lâcher. Nous atteindrons notre ryokan bien fatigués. Aozoraya est une jolie maison au milieu des champs tenue par un couple très sympathique. Nous nous délestons de tout ce qui est mouillé avant de pénétrer dans un intérieur bien douillet et rutilant de propreté. La douche chaude est divine après cette journée humide éprouvante.
A peine installés sur notre tatami pour le dîner, le chef s’approche de notre table et dans un anglais laborieux nous dit qu’il est « very sorry for Notre Dame » Incroyable, tous les mots de compassion que nous avons reçus à propos de cet incendie, j’avoue que j’en suis très touchée. Le dîner est excellent, apparemment le chef est connu. Une japonaise nous en vante les mérites. Nous approuvons à 100%!
Sans oublier le compteur de kilomètres …
1002 kilomètres à notre compteur ce soir !