19 avril – J31 – 28 kms – Temple 43
Le Temple 43, Meiseki-ji, Pierre de Lumière
Nous quittons notre minshuku vers 7 heures sans grand regret pour retrouver le Temple 43, Meiseki-ji, Pierre de Lumière, dans sa délicieuse ambiance de petit matin où déjà un groupe de femmes scande à l’unisson le sutra du cœur au pied des marches du temple principal. J’aime bien voler l’image de dos de ces gens en plein recueillement.
Une douce lumière réchauffe la façade ouvragée de vieux bois où sont accrochés ces bouquets de guirlandes multicolores que l’on remarque très souvent et dont nous ignorons la signification. Le plafond à caissons du hall à prières principal s’orne de superbes peintures de fleurs et d’oiseaux déclinées dans des tons lumineux de bleu et blanc, on se tord le cou durant quelques minutes pour visualiser toute cette palette de scènes ravissantes.
Un peu plus loin, le tronc d’un arbre sans doute vénérable est ceint de son cordage shintoïste. Toutes ces décorations et objets rituels ont une esthétique aux couleurs chatoyantes que j’adore. Sans oublier les norens de façade spécifique et différents pour chaque hall de prières. Mon œil ne s’en lasse pas, à chaque temple c’est le même ravissement et émerveillement et je mitraille de photos tous ces éléments qui ont certainement une signification symbolique qui nous échappe complètement.
Dans une cahute sur pilotis, nous découvrons un simple gong très épuré, c’est tout simplement très beau.
Chemin en forêt puis retour vers la civilisation
Un joli chemin forestier nous redescend sur Unomachi dont la rue principale est jalonnée de belles demeures anciennes.
Et puis à nouveau la grosse 56 avec ses centres commerciaux, ses enseignes lumineuses et ce bruit infernal de circulation. Mais aussi un Lawson où nous nous consolons avec un méga yaourt et refaisons nos provisions en biscuits et autres glucides-carburant.
O-settai du matin, des mandarines offertes avec tant de gentillesse
Passant devant un hangar de conditionnement d’agrumes, nous recevons notre premier o-settai de la journée, deux mandarines délicieusement juteuses. L’ouvrier nous en aurait bien offert une caisse complète devant notre ravissement.
Et une nouvelle grimpette pour éviter un tunnel …
Afin d’éviter le tunnel routier de Tosaka, long de plus d’un kilomètre, nous prenons un chemin de traverse pour franchir le col et nous offrons donc une petite grimpette de 465 mètres de dénivelé. Le sentier forestier bascule sur l’autre versant gentiment en balcon pour rejoindre la 56 à laquelle nous échappons dès que se présente une alternative plus tranquille, rajoutant à chaque fois quelques kilomètres supplémentaires.
Ozu, ville historique et halte du soir
Et voilà Ozu, notre halte du soir, ville fortifiée, érigée sur les méandres du fleuve Hiji-kawa, dominée par son château.
Notre guest-house est au cœur du centre historique. En cette fin de journée, il est très agréable de déambuler dans ses ruelles de maisons traditionnelles, à l’heure où d’habitude nous devons passer à table. Nous entr’apercevons par-dessus son mur d’enceinte la villa Garyu Sanso et son magnifique jardin, conçue par un riche marchand au début du 20ème siècle. Dix ans à dessiner les plans, quatre pour la construction et neuf mille artisans à la tâche ! Il est malheureusement trop tard pour la visiter. Son mur d’enceinte donne une idée de la qualité de la villa.
Après quelques courses alimentaires en prévision de notre repas du soir, nous dînerons en compagnie de notre hôte, son amie Yuki et une jeune luxembourgeoise, Michèle, qui fait également le pèlerinage en solitaire. Et toute cette jeunesse sera ravie de goûter nos « soba » aux légumes, faits maison. Rien à voir effectivement avec leurs bols de nouilles toutes prêtes sous vide. Handicapée depuis quelques jours par une tendinite, Michèle s’est vue obligée de terminer son étape en train et elle redoute les jours à venir. Je lui offre quelques comprimés de Voltarène qui devraient lui permettre de la soulager.
712 kms au compteur ce soir. Il nous reste 45 temples à découvrir et environ 500 kms à parcourir. Cela paraît irréel et c’est sans importance. Nous allons bien, chaque jour apporte ses plaisirs et ses découvertes. Demain sera un autre jour. Longue journée en perspective : 33 kms et pas mal de route…
Petit lexique
- minshuku : équivalent japonais de la chambre d’hôte. Le minshuku est un établissement familial dont les chambres, louées à la clientèle font partie intégrante de la maison.
- noren : rideau en tissu en deux parties, accroché en haut de la porte d’entrée de maisons, magasins, restaurants etc
- o-settai : offrande donnée aux pèlerins autant pour les honorer que pour représenter le donateur au cours du pèlerinage