18 avril – J30 – 23 kms – Temples 41 & 42
Petit déjeuner continental pour moi ce matin, j’échappe au poisson fumé, aux légumes en saumure et au natto ! Même Bernard qui persiste dans la version japonaise et qui normalement avale tout, fait un blocage sur le natto, une spécialité typiquement japonaise connue depuis plus de 1 000 ans, à base de graines de soja fermenté avec une bactérie, le bacillus natto, très riche en protéines. Les japonais adorent cela, « excellent pour la santé », bien entendu. La version toute prête, industrialisée servie dans des petites boîtes blanches en polystyrène a un aspect gluant absolument repoussant doublé d’une odeur fermentée-ammoniaquée. Le seul natto que nous avions apprécié fut celui de Dai qui le fabriquait lui-même.
Deux temples au programme aujourd’hui, le 41 et le 42. Normalement, nous aurions pu atteindre le 43 mais hier soir, nous avons eu beaucoup de mal à trouver des disponibilités dans les ryokans sympas du coin. En désespoir de cause, nous avons fait une réservation à quelques kilomètres avant le temple 43 dans un minshuku qui à mon avis ne rentrera pas dans la catégorie « à recommander »
Nous retrouvons en chemin Okada-San, mon donateur de guêtres de ce fameux matin de pluie et un jeune franco-américain, Dan, vivant en Californie et ayant de la famille à St Aunès, près de Montpellier ! Le monde est vraiment un mouchoir de poche ! Encore un jeune trentenaire qui se cherche…
Architecture moderne au milieu des champs de riz
De la route encore, des maisons « en plastique » comme je les dénomme, constructions cubiques sans doute très fonctionnelles, en kit pas cher qui dureront le temps d’une génération, aux façades aujourd’hui bien proprettes et demain sans doute bien moches car ces matériaux vont certainement mal vieillir…
Dommage qu’ils ne construisent plus en bois à l’image de l’architecture traditionnelle japonaise qui a perduré pendant des siècles. Nous empruntons également des sentiers bucoliques qui serpentent entre rivières, rizières et pour la première fois des plantations de vignes surprenantes. A partir d’un cep, les rameaux sont étirés à l’horizontale sur des longueurs incroyables, il y a même des versions sous serres.
Temple 41, Ryuko-ji, la Lumière du Dragon
Nous voici au Temple 41, Ryuko-ji, la Lumière du Dragon, niché au fond d’une vieille rue que l’on se mérite comme d’habitude en gravissant un long escalier de pierres couronné à son sommet d’un beau tori rouge.
Le temple 42, Butsumoku-ji, l’Arbre du Bouddha
Deux kilomètres plus loin voici le temple 42, Butsumoku-ji, l’Arbre du Bouddha. Le hall de la cloche a un petit air de paillotte avec son toit de paille. A sa sortie, nous retrouvons la route, bordée de massifs de tulipes plantés au cordeau par bloc de couleur, rouge, jaune, rouge, jaune dans une symétrie parfaite.
Le chemin d’approche pour retrouver le sentier qui nous permettra de franchir le col Hanaga-toge est fermé, en raison des dernières intempéries. La route grimpe en lacets. Elle aussi a souffert lors des dernières pluies, le ruisseau a du se transformer en torrent, emportant sur son passage barrières de sécurité, bas-côtés et même portions de chaussée. Il fait chaud et se hisser ainsi sur le bitume n’est pas vraiment une partie de plaisir.
Aussi la rencontre avec deux japonaises ayant stoppé leur véhicule pour cueillir des plantes sauvages en bord de route est la bienvenue, d’autant qu’elles nous offrent une barquette de fraises, o-settai ! Ce sera un délice accompagné d’une banane avant d’attaquer le sentier que nous retrouvons enfin quelques virages plus haut. Il grimpe bien à la verticale mais quel plaisir à chaque fois renouvelé de fouler la terre à l’ombre de ces belles futaies.
Tout en haut, nous attend une vue superbe. Montagne et mer ne sont jamais très loin l’une de l’autre à Shikoku, parfois les montagnes ont même les pieds dans l’eau ou bien une plaine étroite les sépare, domaine des cultures maraîchères, des rizières et nous naviguons entre tout cela.
Fin d’étape et retrouvailles avec notre ami Okada-San
Notre étape n’étant que de 23 kms aujourd’hui, nous arrivons tôt à notre minshuku, une bâtisse minable toute en longueur au bord de la route… Mes prévisions étaient correctes… mais nous avons droit à la meilleure chambre avec salle de bain privée ! Privilège des étrangers. Okada, que nous retrouvons avec un autre vieux japonais ne semblent guère affectés par cette discrimination.
Objectif numéro un après la douche, trouver l’hébergement de demain, cela devient de plus en plus compliqué. Je découvre un message d’André qui nous propose de dîner ensemble ce soir, il pensait que nous resterions un jour de plus à Uwajima. C’est bien dommage ! Nous l’aurions retrouvé avec grand plaisir notre ami québécois ! Je pense d’ailleurs que nous ne le reverrons point, son projet n’étant pas de terminer le pèlerinage de Shikoku mais de rejoindre l’île voisine de Kyushu à un moment donné.
Avant le dîner, je passe une heure avec Okada qui gentiment me sert de standard téléphonique pour nos réservations futures en plus de ses bons conseils. Il est adorable cet Okada, plein d’humour et j’avoue que c’est un soulagement pour nous et même un réconfort de pouvoir communiquer en anglais avec lui. En plus, il m’avoue lui-aussi détester le natto !!!