Chères amies lectrices,
Ce matin j’ai commencé un livre choisi à la bibliothèque, juste avant sa fermeture, pour son titre La petite sonneuse de cloches, de Jérôme Attal, pour sa première page et pour le synopsis qui, très alléchant, proposait de me transporter dans le Londres romantique de Chateaubriand, jeune exilé dans cette grande ville, grâce à une enquête qu’allait mener un jeune homme d’aujourd’hui sur les pas de Chateaubriand.
Voici ce qui m’a alléchée …
1793. Le jeune Chateaubriand s’est exilé à Londres pour échapper à la Terreur. Sans argent, l’estomac vide, il tente de survivre tout en poursuivant son rêve de devenir écrivain. Un soir, tandis qu’il visite l’abbaye de Westminster, il se retrouve enfermé parmi les sépultures royales. Il y fera une rencontre inattendue : une jeune fille venue sonner les cloches de l’abbaye. Des décennies plus tard, dans ses Mémoires d’outre-tombe, il évoquera le tintement d’un baiser.
De nos jours, le vénérable professeur de littérature française Joe J. Stockholm travaille à l’écriture d’un livre sur les amours de l’écrivain. Quand il meurt, il laisse en friche un chapitre consacré à cette petite sonneuse de cloches. Joachim, son fils, décide alors de partir à Londres afin de poursuivre ses investigations.
Qui est la petite sonneuse de cloches ? A-t-elle laissé dans la vie du grand homme une empreinte plus profonde que les quelques lignes énigmatiques qu’il lui a consacrées ? Quelles amours plus fortes que tout se terrent dans les livres, qui brûlent d’un feu inextinguible le coeur de ceux qui les écrivent ?
Extrait du livre : la première page
Pas un shilling en poche. Dormi en coups de sabre et rien avalé de solide depuis la veille au soir (une demi-brioche trempée dans un verre de thé). La saleté qui torpille dans Soho l’aveugle un court instant ; le passage d’une voiture de poste attelée de deux chevaux lancés à plein galop et qui racle l’effort de trottoir le projette contre une façade en briques ; il comprend que ce qui le condamne le sauve à la fois : n’être plus qu’un corps réduit à un cœur qui bat.
Il s’est emmitouflé dans le manteau bleu nuit qu’il a trouvé dans ce commerce obscur du port de Jersey, avant d’embarquer pour l’Angleterre. En voulant élargir une des poches, il l’a crevée. Sa main droite s’enfonce dans la doublure, ses doigts sautent dans le vide. Il dirigera ses pas vers l’hôtel Grenier pour solliciter la couturière de permanence. Il la regardera faire, et pour peu qu’elle soit jolie, aura la sensation qu’elle raccommode dans le même mouvement une partie de son cœur ; la beauté agit toujours comme un baume fugitif. Puis il ira s’étendre sous les pins de Hyde Park, le ciel sera strié d’un vol de perruches, de belles Anglaises se demanderont qui il est.
La page 47
En fait, j’avoue n’être pas vraiment rentrée dans le livre, jusqu’à ce que je lise ces lignes, page 47, que je m’empresse de vous recopier :
Tout écrivain, je suppose, sait qu’il y a des choses qu’il est périlleux de raconter telles quelles. Des choses qu’on ne peut suggérer. Ne serait-ce que pour se distinguer de l’anecdote, du commérage. Des choses qu’il est bon de dissimuler derrière des caractères et des signes. Combien d’histoires d’amour languissent, comme des sources de fleuve en attente, sous la pagaie d’une virgule?
Les livres sont faits pour durer plus longtemps que les passions inextinguibles qui les commandent, mais ne les secouez pas trop, ils sont pleins de vérités tues que le coeur ne pouvait supporter de garder pour lui seul.
Ce que j’en ai pensé
L’auteur étant un amoureux des livres, des belles tournures, il nous fait participer à des joutes oratoires, employant des expressions désuètes ce qui n’est absolument pas pour me déplaire. Mêlant une part de vérité à une imagination débordante, lecture est divertissante.
Ce n’est pas un coup de cœur, mais un bon moment de lecture, lecture que je recommande pendant ces longs moments de liberté.
Portez-vous bien, soyons à l’affût du moindre moment de bonheur, nous avons la chance de pouvoir lire, d’écouter de super émissions à la radio et de savoir que le corps médical est présent.
Bonnes lectures
Bien à vous
Michèle
Michèle R.
Aimable auteur bénévole de cette note de lecture, est Alpicoise (habitante du Pecq près de St Germain en Laye), lectrice assidue, bénévole dans une Biblothèque, cinéphile & randonneuse en Île de France & en montagne.
Jérôme Attal
Né le 18 juillet 1970, est un écrivain, parolier, scénariste, auteur-compositeur-interprète et chanteur français. Auteur de douze romans dont le dernier, La petite sonneuse de cloches, est paru en 2019 aux Editions Robert Laffont. Célèbre et prolixe, vous pourrez le découvrir sur son site web http://jerome.attal.pagesperso-orange.fr/ . Biographie et œuvres dans la notice Wikipédia qui lui est consacrée.
Chateaubriand
François-René, vicomte de Chateaubriand, né à Saint-Malo le 4 septembre 1768 et mort à Paris le 4 juillet 1848, est un écrivain, mémorialiste et homme politique français. Il est considéré comme l’un des précurseurs du romantisme français et l’un des grands noms de la littérature française. Biographie et œuvres dans la notice Wikipédia qui lui est consacrée, dont nous avons repris cette très, trop, courte présentation.